DUMAS & TEL
sont deux plateformes d'archivage en ligne déclinées à partir du portail HAL du CCSD (Centre pour la Communication Scientifique Directe - UMS3668).

 

Différent de l'auto-archivage réalisé par les auteurs, un dépôt sur ces plateformes fait l'objet d'une validation par une commission en relation avec l'établissement de soutenance et est pris en charge par une instance mandatée (Service Commun de la Documentation ; Direction de l'Appui à la Recherche ; Bibliothèque ; ...). 

Si un mémoire déposé dans DUMAS, une thèse ou une HDR (Habilitation à Diriger des Recherches) déposée dans TEL n'apparaît pas dans cette archive, n'hésitez pas à nous le signaler, nous apposerons le "tampon HIPHISCITECH" pour que le document intègre cette collection : contact@hiphiscitech.org

 
DUMAS
Plateforme de "Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance"
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Derniers mémoires recensés

À la fin du XIXe siècle, les conceptions philosophiques classiques des sciences physiques ont été bouleversées par certaines avancées scientifiques. En effet, juste avant le renouveau de la physique induit par les deux théories de la relativité d'Einstein, l'essor des géométries non-euclidiennes et la théorisation de l'imprévisibilité de certains systèmes dynamiques déterministes ont donné lieu à des débats philosophiques houleux : que faire de l'a priori kantien et du libre arbitre après ces découvertes ? Ces débats philosophiques basés sur des questions scientifiques sont principalement développés dans des articles de revues, qui se répondent mutuellement. Pour étudier ce corpus, il a fallu identifier les discussions, les structurer et les situer.

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Après avoir été effrayé à l’idée de voyager par plaisir en raison de la connotation guerrière de cette dernière mais également d’une peur des reliefs naturels, une nouvelle perception renverse à la fin du XVIe siècle cette pensée. La conception utilitaire du voyage prend l'ascendant au cours du siècle suivant, avec la possibilité d'apprendre et de se forger une culture personnelle jugée essentielle aux nobles de cette époque. Cette conception évolue à nouveau grâce à l'influence des Lumières et de nombreuses découvertes scientifiques ou philosophiques du XVIIIe siècle. La pratique voyageuse est maintenant comprise comme un moyen de connaître la terre, de partager les savoirs pour une plus grande égalité. Dans ce contexte, les scientifiques sont devenues des acteurs centraux, notamment en se rendant directement sur les lieux à expertiser. Ainsi, en plus d'une large publication d'imprimés de relation de voyage fait par des nobles en mission diplomatique ou dans la réalisation de leurs Grands Tours, se développent en parallèle des mémoires scientifiques tirés de leurs voyages. Dans la même période, un nouvel acteur dans le chaînon de l'imprimerie vient bouleverser l'ordre établi au siècle précédent, les périodiques. C'est avec ce nouveau support que les savants-voyageurs ont diffusé non seulement des extraits de leurs mémoires mais également des lettres, des synthèses et des questionnements portants sur les avancées scientifiques. Dans ce microcosme où vivent savants et acteurs de l'impression, de nombreux d’échanges et interactions s’étiolent, tels que des demandes d'instructions spécifiques ou d'aide particulière pour récupérer divers échantillons provenant d'une région lointaine. Cet ensemble se représente également à travers le carnet, un outil essentiel à la sauvegarde des pensées du voyageur qui le suit en toutes circonstances au cours de ses trajets. C'est avec cette source que ce mémoire se propose de retracer la méthodologie d'un savant-voyageur au tournant du XVIIIe siècle en la personne du chevalier Déodat de Dolomieu. Au travers de ses carnets se dévoile les traces de sa pensée savante et des évolutions de cette dernière au cours de ses pérégrinations, permettant la reconstruction d'une méthodologie propre à ce dernier. De même, elle permet la sauvegarde des humeurs de son propriétaire au cours de ses trajets mettant en lumière sa perception de la pratique voyageuse. Enfin, ce même objet se révèle être l'outil le plus essentiel à la propre compréhension de sa conception aux yeux de son propriétaire, ainsi que de pouvoir distinguer si cela est réellement nécessaire les propriétés entre une relation de voyages pour son plaisir et celui d'une relation savante faite pour autrui.

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Notre projet de mémoire, ci-dessous développé, est le suivant : comment étudier la notion d'émergence dans le cadre de la métaphysique anglo-saxonne contemporaine ? Pour répondre à cette question, notre réflexion partira du système ontologique particulier, à savoir le "carré ontologique", d'inspiration aristotélicienne et repris par un auteur contemporain, E.J. Lowe. Dans ce système, les catégories ontologique d'"objet", de "phénomène", de "propriété" et de "condition" sont analysées comme étant fondamentales, irréductibles et suffisantes pour décrire tout le contenu de la réalité. Nous nous sommes limités cette année à la présentation de ce système, espérant par la suite pouvoir le développer dans le sens d'un physicalisme non réductif. Notre thèse finale sera alors la suivante : il est possible que de nouvelles conditions émergent.

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Nous proposons à travers ce travail de regarder la pensée philosophique comme étant essentiellement liée au phénomène d'ἀνάμνησις, c'est-à-dire au ressouvenir ou à l'anamnèse. Nous cherchons à repenser le propre du philosopher. Dans cette optique, philosopher signifie "se ressouvenir". Pourtant, l'anamnèse n'a pas affaire à la mémoire et aux souvenirs. Elle est expérience, à travers laquelle adviennent une vérité et un savoir. Notre point de départ se trouve dans une évidence de la pensée philosophique : la pensée a une histoire et s'enracine dans une tradition. Tout ce qu'on met devant la pensée, tout ce que la pensée prend comme tâche a un lien avec ce qui a été pensé auparavant ou fait référence à ce qui a été, qu'on l'admette ou non. Nous identifions, cachée sous la forme de cette évidence, une tendance de la pensée philosophique qui n'a pas été mise en question ou explicitée. Ainsi, philosopher c'est dans un certain sens se retourner vers le passé afin de le reprendre sous un jour nouveau. Ce point de départ trouve sa confirmation philosophique à travers une analyse "historique" : l'anamnèse chez Platon et Gadamer. C'est à travers cette façon de mettre à l'œuvre ce que l'évidence nous a dévoilé qu'on découvre que l'anamnèse décrit la recherche et la découverte de type philosophique. Pour Platon, l'άνάμνησις représente moins une actualisation d'un savoir tout fait, inné et latent, qu'une manière de reprendre quelque chose de "su" sous un jour nouveau. C'est donc ce mouvement "rétrospectif" qui rend possible le savoir et la vérité pour la pensée philosophique. Selon Gadamer, l'άνάμνησις platonicienne s'apparente à une re-connaissance. Ces deux analyses dévoilent une certaine "structure" que possède l'anamnèse, un certain mode d'être : elle se définit par le "re-". Il s'agit d'un re-vivre, re-connaître, re-conquérir, re-voir "à distance" la réalité. Ceci renvoie à l'idée de "voir" les choses "dans une autre lumière", ou faire une nouvelle expérience des choses qui apporterait un surcroit de connaissance. Le "re-" de l'anamnèse désigne le fait de re-faire une "expérience". L'anamnèse représente une expérience du philosopher. Philosopher et parvenir à un savoir signifie, dans ce sens, faire l'expérience de l'expérience.

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Cette étude tente de répondre à la question "qu'est-ce que le jazz ?" en partant des spécificités musicologiques propres à cette musique pour rejoindre la pensée sociale et culturelle du jazz. Plus qu'un simple travail de définition, il s'agit d'analyser le jazz pour en extraire ses valeurs, d'interpréter les phénomènes musicaux jazzistiques en les plaçant toujours déjà dans un contexte historique et social déterminé. Penser le jazz, c'est établir son unité esthétique. Pourtant, on n'épuise pas le phénomène jazzistique à parler de swing et de sonorité : penser le jazz c'est aussi comprendre les origines musicales d'une telle musique et donc utiliser une méthode généalogique permettant de comprendre pourquoi, un jour, des hommes ont joué de la musique de telle manière. Le discours musicologique s'ouvre à la philosophie sociale et aux sciences historiques. Penser le jazz, c'est alors comprendre qu'il est une musique populaire, issu de la rencontre brutale des musique occidentale et africaine dans le contexte de la ségrégation raciale. Si certains discours sur la musique font de l'abstraction leur crédo, un discours sur le jazz semble devoir nécessairement prendre en compte les contextes socio-historiques dans lesquelles on joue du jazz. Le jazz se joue, se danse, s'incarne dans des gestes, des attitudes et des corps, et ce faisant, véhicule une pensée musicale que l'on ne peut pas comprendre si l'on s'en tient à une analyse musicologique. Penser le jazz comme pensée, ériger le jazz en porte d'entrée privilégiée d'une culture américaine naissante, comprendre l'encrage de la musique de jazz dans la Weltanschauung américaine sont les enjeux de cette étude qui donne en outre des pistes tant méthodologiques que généalogiques pour entreprendre une analyse des musiques populaires postérieures au jazz.

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Ce mémoire s'intéresse aux collaborations possibles entre Intelligence Artificielle et philosophie. Il montre que les deux disciplines peuvent partager des objets, des théories et des résultats pour apprendre l'une de l'autre. La stratégie de ce mémoire consiste à expliciter des relations épistémologiques entre les problématiques propres aux deux disciplines ("IA faible" et "IA forte"), afin de définir des modes de collaboration sur le plan disciplinaire. La deuxième partie de ce mémoire présente les travaux de philosophes et de spécialistes de l'IA, depuis les débuts de l'Intelligence Artificielle jusqu'aux années 80. Elle expose les démarches collaboratives exploitées par ces chercheurs, de manière implicite ou explicite. La troisième partie présente des travaux où la philosophie sert de socle conceptuel à l'Intelligence Artificielle, notamment en ce qui concerne la simulation de phénomènes émergents. La quatrième partie réalise un renversement des relations classiques entre les deux disciplines. C'est au tour de l'Intelligence Artificielle de se mettre au service de la philosophie, en formulant de nouvelles hypothèses de recherche ou en testant les théories philosophiques à partir de cas concrets. Ce mémoire, enfin, espère œuvrer pour le rapprochement des deux disciplines et ainsi encourager philosophes et spécialistes de l'IA à collaborer sur les sujets qui leurs sont chers.

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TEL
Serveur de "Thèses en Ligne"
et HDR
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Dernières thèses ou HDR recensées

La thèse comprend trois parties dont la première vise à définir le contexte historique et culturel dans lequel se développa la production littéraire prise en considération. Nous y décrivons la position d’infériorité relative qui était, depuis l’Antiquité, celle des praticiens (mechanici) par rapports aux lettrés et, plus généralement, aux représentants des arts libéraux. Nous décrivons ensuite le milieu dans lequel évoluèrent les auteurs des dialogues étudiés, c’est-à-dire la cour, centre névralgique et décisionnel de la société à cette époque et qui, passage obligé de l’ascension sociale, était aussi un milieu hostile et très fortement concurrentiel. Le prince occupait le sommet de sa hiérarchie et se situait au cœur des dynamiques internes qui l’animaient. Les techniciens tels que certains des auteurs des ouvrages étudiés devaient se confronter à ce milieu s’ils espéraient faire carrière. Les possibilités d’évolution professionnelle et sociale qui s’ouvraient à eux étaient réelles : les États italiens montrèrent en effet au XVIème siècle un intérêt certain pour les disciplines techniques et proto-scientifiques. Dans ce contexte, la production textuelle représentait un moyen d’action de première importance. Le livre pouvait en effet être conçu comme une monnaie d’échange dans les relations courtisanes, mais aussi comme un succédané à l’action militaire ou comme un moyen efficace pour la promotion des compétences de l’auteur. La deuxième partie de la thèse nous rapproche des textes qui forment le corpus de recherche. Le fait que ces ouvrages traitaient d’affaires militaires représentait un atout dans les cours de la péninsule au XVIème siècle et pouvait leur assurer une réception favorable tout en ouvrant des perspectives de carrière à leurs auteurs. Le premier chapitre de cette partie vise donc à montrer comment était perçue l’utilité de l’art militaire à cette époque. Si la rhétorique faisait de son exaltation un véritable lieu commun, la réalité historique conduisait à un constat unanime : celui de la nécessité urgente pour les États de la Péninsule, qui subirent des échecs cuisants dans la première partie du siècle notamment, d’améliorer l’efficacité de leurs armées. La production d’ouvrages militaires aux finalités didactiques s’encadre, en partie tout du moins, dans ce contexte et répond à la volonté de proposer une instruction militaire plus avancée. La manière dont les auteurs des dialogues étudiés cherchèrent à répondre à ce besoin vital dépendait substantiellement de leur conception de l’art militaire. On en distingue trois principales à cette époque mais toutes préconisent, dans des proportions et selon des modalités différentes, l’union des connaissances théoriques et pratiques. Les hommes de métiers – des membres de l’aristocratie ayant souvent reçu une certaine formation culturelle – revendiquaient la supériorité des savoirs pratiques et critiquaient ceux que l’on appellera les théoriciens purs. Dans leurs ouvrages, ils arrivaient parfois à remettre en cause la pertinence d’une transmission des savoirs militaires par l’écrit. Le paradoxe n’est cependant qu’apparent : la notion clé de l’experimentum – qui peut s’accommoder du support écrit – permet de le résoudre. L’approche de type humaniste, de son côté, relève d’une perspective générale et aristocratique de l’art. Le recours aux auctoritates antiques y est fréquent et les vertus classiques occupent une place de premier ordre. Enfin, les techniciens de la guerre faisaient des mathématiques le fondement essentiel de leur conception de l’art militaire moderne. Ces mathématiciens praticiens soutenaient avec une force particulière la revalorisation des savoirs théoriques déjà en cours dans d’autres disciplines artistiques. Les évolutions radicales qui caractérisent l’art de la guerre au XVIème siècle sanctionnèrent l’efficacité d’une telle approche. Surtout, le recours aux mathématiques représentait la possibilité d’un ennoblissement de métiers qui n’étaient plus seulement « mécaniques ». De cette promotion intellectuelle, les ingénieurs pouvaient tirer des bénéfices notables en termes d’évolution professionnelle et aspiraient parfois à l’accession à un statut social supérieur. La troisième et dernière partie de la thèse consiste en l’analyse des dialogues du corpus : une analyse des moyens – rhétoriques, stylistiques et plus globalement formels, avec une attention particulière l’exploitation du genre dialogique – mis en œuvre par leurs auteurs pour atteindre les objectifs qu’ils souhaitaient atteindre à travers la publication de leurs ouvrages. Ces objectifs fondamentaux, que l’on a décrit d’un point de vue théorique dans la première partie, sont la promotion des compétences de l’auteur et la réalisation d’une transmission de savoirs efficace afin de faire des dialogues des outils potentiels pour l’amélioration de l’efficacité militaire. La dimension didactique des textes étudiés est évidente et le recours au genre dialogique pouvait se présenter comme une option séduisante dans ce but, même pour les représentants de l‘approche technicienne. Toutefois, et c’est là l’objet du dernier chapitre de cette partie, les auteurs des dialogues militaires devaient impérativement se conformer aux modalités de la communication courtisane pour assurer le succès de leur production textuelle et, par conséquent, des stratégies qu’elle pouvait servir. En d’autres termes, les dialogues devaient plaire au public des cours : l’aspect dilettevole (plaisant, agréable) – qui se traduit en grande partie par le soin accordé à la forme – représentait également un atout non négligeable face à la rude concurrence auxquels les ingénieurs étaient confrontés.

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Cette thèse en cours propose une analyse critique des modèles du trauma en sciences cognitives à partir d’une approche phénoménologique et féministe des violences sexuelles, en particulier le viol et l’inceste. En mobilisant le concept de mouvement d’ancrage développé par Jan Patočka, elle interroge la manière dont ces violences façonnent la subjectivation des survivant·es et reconfigurent leur rapport au monde. À la croisée de la philosophie, de la psychotraumatologie et des neurosciences, ce travail vise à mettre en lumière les limites épistémologiques des approches cognitives du traumatisme aussi bien que leur potentiel intérêt stratégique local. Cette recherche explore la possibilité d’une relecture relationnelle et historique du trauma, insistant sur le rôle des rapports de pouvoir dans la production et la reconnaissance du vécu des survivant·es.

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Jules Houël (1823-1886) est un mathématicien et astronome français, issu d’une ancienne famille protestante normande. A la fin de ses études à l’École normale en 1846, il débute une carrière mouvementée d’enseignant en lycée. En 1855, il obtient un doctorat dans lequel il applique la méthode des fonctions perturbatrices de Le Verrier à Jupiter et à partir de 1859, il enseigne le calcul différentiel et intégral à la Faculté des sciences de Bordeaux. Dès 1861, Houël abandonne ses recherches astronomiques de sorte que ses publications postérieures sont essentiellement des traductions ou des traités d’enseignement. Il a la particularité d’être polyglotte et d’avoir une grande puissance de travail. Nous montrons comment il arrive à créer des réseaux scientifiques « importants » en Europe, qui lui permettent de diffuser certaines théories par des publications ou/et des correspondances, qui elles-mêmes alimentent ces réseaux, … Certains réseaux ont un cadre lié à une structure (société savante, journal), d’autres sont liés à une thématique ou/et une zone géographique. Nous présentons notamment quatre réseaux européens où Houël joue un rôle de premier plan : celui de la Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux à partir de 1866, celui de ses correspondants italiens en lien avec les fondements de la géométrie en 1867-1870, celui du Bulletin des sciences physiques et astronomiques dans les années 1870-1883 et le réseau des correspondants scandinaves en lien avec la théorie des fonctions elliptiques sur la période 1870-1885. Nous montrons en outre comment ces réseaux sont liés et les intérêts pour Houël dans chacun de ces quatre réseaux.

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Cette thèse essaie de reconstituer l’histoire de la réception du calcul leibnizien dans les milieux savants français (1690-1706). Nous repérons deux jalons : d’abord au sein d’un groupe autour de Malebranche, initié au calcul par Jean Bernoulli (1667-1748), puis à l’Académie des sciences. Dans les deux cas nous mettons en avant les horizons d’attente des acteurs. Alors que cet épisode a été beaucoup étudié en termes de rupture, nous insistons, par une analyse des sources primaires (dont plusieurs inédites) sur le fait que cette appropriation s’effectue aussi grandement sur des usages acquis. Dans la première partie, nous examinons l’héritage mathématique à partir duquel est reçu le calcul de Leibniz par le groupe autour de Malebranche. Cette analyse nous permet de montrer que leur appropriation s’appuie sur des pratiques partagées et non sur un terrain vierge comme on l’a trop souvent supposé. Nos mathématiciens réalisent que le l’algorithme différentiel permet de donner une étoffe nouvelle à des notions déjà impliquées dans les méthodes précédentes. Dans la seconde partie, nous étudions la genèse et la structuration du premier ouvrage de calcul différentiel écrit par l’Hospital et publié en 1696 sous le titre Analyse des infiniment petits pour l’intelligence des courbes. Après cette publication, le calcul devient très présent à l’Académie. Une crise y éclate entre partisans et adversaires du calcul. L’examen de leurs discours, objet de notre troisième partie, permet de préciser les notions telles que celle de différentielle ou de courbe, ainsi que la manière dont il est possible d’interpréter géométriquement les résultats issus des calculs.

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Le calcul différentiel et intégral est enseigné à l’École polytechnique dès sa création en 1794. Mais les différentes conceptions des principes du calcul conduisent à des changements de programmes et d’enseignements. Rapidement, des éléments de ce calcul sont enseignés dans les principales classes préparatoires au concours d’admission à cette École, et la notion de fonction dérivée apparaît au programme du concours en 1851, consacrant ainsi une pratique courante. Durant le demi-siècle suivant, la pression d’enseignements dans les classes préparatoires, dont nous trouvons trace dans des manuels, conduit à des changements de programme. Des auteurs, qui sont à la fois professeurs en classes préparatoires, examinateurs aux concours des Écoles polytechnique et normale supérieure, et enseignants dans ces Écoles, publient des manuels dont les contenus dépassent le programme officiel et suscitent débats. Ainsi, à la fin des années 1880, la construction des nombres irrationnels, la notion d’ensemble et l’intégrale de Riemann figurent dans des manuels destinés à la classe de mathématiques spéciales. Certains de ces contenus seront incorporés au programme d’admission de l’École polytechnique. Les fondements arithmétiques de l’analyse, jugés trop abstraits, provoqueront en 1896 la suppression de la notion d’intégrale définie introduite dans le programme en 1885. L’étude sur un demi-siècle des interactions entre programmes, manuels et enseignants des différents ordres d’enseignement permet de comprendre l’introduction de la notion de fonction dérivée en 1891 en classe terminale de l’enseignement moderne, considéré alors comme un enseignement de second ordre, puis en 1902 en classe de seconde.

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L’ouvrage tente de démontrer que les échanges entre la science et le droit sont, en droit de l’environnement, de nature consubstantielle. Si l’immixtion de la science brouille l’édifice juridique et met en péril le critère kelsénien de la validité d’une norme, alors un dialogue fertile s’instaure. L'étude porte sur les modalités de diffusion du savoir scientifique dans l'ordre juridique environnemental, appréciant le degré d'adhésion du droit à ces fondements scientifiques. Ainsi le droit de l'environnement emprunte à des disciplines scientifiques hétérogènes selon son champ d'application : apports fondamentaux de la médecine antique, de l'hygiénisme et de la chimie pour le droit de la lutte contre les pollutions ; de la géographie, de la biologie et de l'écologie pour le droit de la biodiversité. La recherche analyse les catégories juridiques issues de ces sciences (gestion des populations, respect des équilibres biologiques, préservation des écosystèmes...) et la réaction du droit face aux contraintes rationnelles et objectives de la science (statut juridique de l’expertise notamment). Elle met en lumière les éléments de la médiation juridique de l'environnement dans le cadre d’un pluralisme de vérités.

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Mereology is the discipline concerned with the relationships between a part and its whole and between parts within a whole. According to the most commonly used theory, "classical extensional mereology", an entity can only be part of another one once. For example, your heart is part once of your body. Some earlier works have challenged this principle. Indeed, it is impossible to describe the mereological structure of certain entities, such as structural universals or word types, within the framework of classical extensional mereology. These entities may have the same part several times over. For example, the universal of water molecule (H2O) has as part the universal of hydrogen atom (H) twice, while a particular water molecule has two distinct hydrogen atoms as parts. In this work, we follow the track opened by Karen Bennett in 2013. Bennett sketched out a new mereology to represent the mereological structure of these entities. In her theory, to be a part of an entity is to fill a "slot" of that entity. Thus, in the word "potato", the letter "o" is part of the word twice because it occupies two "slots" of that word: the second and the sixth. Bennett's proposal is innovative in offering a general framework that is not restricted to one entity type. However, the theory has several problems. Firstly, it is limited: many notions of classical mereology have no equivalent, such as mereological sum or extensionality. Secondly, the theory's axiomatics give rise to counting problems. For example, the electron universal is only part of the methane universal seven times instead of the expected ten times. We have proposed a solution based on the principle that slots must be duplicated as often as necessary to obtain a correct count. This duplication is achieved through a mechanism called "contextualisation", which allows slots to be copied by adding context. In this way, we have established a theory for representing entities that may have the same part multiple times while avoiding counting problems. We have developed a mereology of slots based on this theory, which is a theory representing mereological relationships between slots. In this way, we have developed the various notions present in classical mereology, such as supplementation, extensionality, mereological sum and fusion. This proposal provides a very expressive and logically sound mereology that will enable future work to explore complex issues raised in the scientific literature. Indeed, some entities cannot be differentiated by their mereological structures alone but require the representation of additional relationships between their parts. Our mereological theory offers tools and avenues to explore such questions.

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La fonction contrôle de gestion évolue sous l'influence de facteurs contextuels économiques, technologiques et institutionnels. Dans un environnement considéré comme plus complexe et turbulent, l'organisation tend à décentraliser les responsabilités de gestion vers les managers opérationnels. Face à ce mouvement, la fonction contrôle de gestion doit mettre en place des dispositifs assurant une meilleure coordination organisationnelle. Cette coordination vise à la fois la gestion efficiente et efficace des ressources, et la pertinence stratégique. Un modèle d'organisation intégrée verticalement (et de stratégie émergente) se développe. La fonction contrôle de gestion voit ses missions enrichies tant en termes de soutien aux opérationnels, que de contribution à la décision stratégique. Nous étudions plus spécifiquement le rôle des systèmes de gestion intégrés (SGI) dans l'évolution du contrôle de gestion. Cette technologie semble porteuse d'un potentiel de décloisonnement des activités et de réactivité stratégique. La question des évolutions de la fonction contrôle de gestion en relation avec l'implantation d'un SGI est analysée dans un cadre contextuel et auto réflexif. Cela permet de tenir compte des jeux socio politiques et cognitifs, qui, au delà des conditions contextuelles, contribuent également à la structuration du contrôle de gestion. La grille d'analyse socio technique enrichie permet d'étudier le processus de structuration technologie contrôle à partir d'une trentaine d'études de cas, dont dix seront mobilisées de manière approfondie dans le chapitre de restitution des résultats. La thèse met en évidence : - les logiques d'acteurs, manifestes lors d'un changement organisationnel, - la dualité des outils, - et l'importance de tenir compte de la dimension processuelle du changement. Le déterminisme technologique est remis en cause pour identifier différentes configurations technologie-contrôle. L'implantation d'un SGI peut conduire à : - un système orienté sommet stratégique, dans une logique de rationalisation des systèmes de gestion pour un contrôle centralisé ; - un système orienté opérationnels, dans une logique d'ouverture de la technologie (qui peut être intégrée à un ensemble de dispositifs complémentaires de contrôle) au service d'une réactivité stratégique centrée sur les opérationnels.

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Par « système du droit international pénal » on entend l'ensemble des normes qui règlent la responsabilité internationale pénale. Tant au niveau des principes généraux qu'au niveau des règles relatives, les normes qui régissent la responsabilité des individus sont assez développées et cohérentes. Par contre, celles qui règlent la responsabilité des États et des autres personnes morales sont moins développées et moins cohérentes. Malgré ce décalage, la responsabilité individuelle est à la base de l'imputation collective, de sorte qu'il faut concevoir toutes les normes en question comme un système unique. En raison de la nature essentiellement privée et décentralisée du droit international, on parlerait plutôt d'un système de la responsabilité « grave » que de responsabilité « pénale », mais substantiellement, au-delà de la terminologie employée, il faut reconnaître l'existence de l'ordre normatif en question. Une évaluation dudit système, du point de vue de la cohérence (analyse ontologique) et de l'efficacité (analyse phénoménologique), dévoile un cadre problématique. Afin de sortir des impasses systématiques plusieurs solutions sont envisageables, de iure condendo. Essentiellement, on devrait réformer le système selon trois directives. En premier lieu, il faudrait définir les actes illicites internationaux graves des États de façon précise, selon l'esprit de l'article 19 du Projet d'articles sur la responsabilité des États adopté par la Commission du droit international, en première lecture, en 1996. Deuxièmement, il faudrait établir la compétence obligatoire d'une cour impartiale pour juger de la conduite des États, en coordination avec le jugement sur la responsabilité individuelle, conformément à l'imputation par le biais de l'individu-organe. Troisièmement, il faudrait créer une institution, préférablement le Conseil de sécurité des Nations Unies, capable de coordonner l'action étatique, afin de donner exécution aux décisions prises par la juridiction internationale. Finalement, la solution la plus cohérente consisterait à élargir la compétence de la Cour pénale internationale, actuellement limitée aux individus, aux États, ainsi qu'aux organisations internationales et aux autres personnes morales, dans le cadre d'une réforme radicale du système onusien. Un tel ordre, relatif de par son origine conventionnelle, pourrait être universalisé en exploitant la notion de crime en tant que violation du ius cogens. Un système ainsi conçu ne serait pas figé et statique, du point de vue du droit matériel, mais changeant et ouvert à l'inclusion de nouvelles conduites dans le champ des infractions, selon l'évolution du droit international en tant que droit vivant.

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This PHD thesis deals with reciprocal contributions of research in the history of ancient mathematics (Cuneiform, Chinese, Sanskrit) and in education research; on the subject of units of measurement. A historical analysis of a selection of paleo-Babylonian tablets from Nippur is proposed, with the help of didactic tools. An epistemological analysis around ancient texts dealing with units of measurement in area of the square and rectangle is conducted, and related to the didactic reference research work. An analysis of fifth grade textbooks as well as a classroom experiment in tenth grade using history are proposed, in the framework of a didactic engineering

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